par La Rédaction du DL | le 20/05/08 à 06h30
Le lapin de batterie dans les étals suisses, c'est fini. Depuis le mois de mars, les grands noms de la distribution helvète ferment un à un la porte aux éleveurs qui pratiquent l'élevage intensif.Point de départ de la fronde : la diffusion d'un reportage sur une télé alémanique. Ce dernier dénonçait les conditions d'élevage de lapins italiens. Dès le lendemain de la diffusion, Manor retirait de ses étals sa viande d'origine italienne.
Depuis, appuyé par le lobbying de Kagfreiland, association suisse de protection des animaux, d'autres chaînes d'hypers et de supermarchés suisses ont suivi. Notamment Migros, Coop, Denner ou plus récemment Globus.
Et cet embargo sur le lapin italien vaut aussi pour la France. Normal, « entre Italie et France, les conditions d'élevage sont similaires », explique Brigitte Gothière, porte-parole de L214, une association de protection des animaux d'élevage. Le sujet, elle le connaît bien. L'association vient de rendre publique une enquête menée durant six mois sur la filière lapine. Ses conclusions ? « Édifiantes ! » Promiscuité, apathie, développement de maladies... « L'élevage en cage ne peut répondre aux besoins des animaux », tranche Brigitte Gothière. L'élevage en cage concerne pourtant selon elle 99 % de la filière française.
« D'un point de vue purement commercial, c'est mauvais »
À Genève, dans les rayons de Manor, ce sont aujourd'hui les lapins hongrois qui se sont substitués à la viande d'origine italienne et française. Réactions dans l'hyper ? Bien moins achalandé au moment de Pâques, puisque Manor venait tout juste de révoquer son ancien fournisseur, les clients ont fait grise mine.
Un choix éthique qui se traduirait donc en flop commercial ? « Quand on l'explique aux clients, ils finissent par comprendre », défend Walter Manzi, responsable de l'alimentation dans le grand magasin genevois. Il l'admet pourtant : « D'un point de vue purement commercial, c'est mauvais ». Tant pis. L'enseigne ne reviendra pas en arrière. « Le plus important reste la transparence. À long terme, notre engagement est la meilleure solution. C'est en tout cas notre philosophie. »
Une éthique toute suisse que les associations de protection peinent à voir transposer en France. «Les normes suisses sont bien plus élevées qu'en Europe et il y a une autre mentalité, une meilleure adéquation entre comportements d'achats et conscience citoyenne», poursuit Brigitte Gothière.
N'empêche que d'un point de vue économique, l'élevage français risque d'en pâtir. Selon L214, depuis que l'Allemagne a durci ses critères d'exigence sur le bien-être des animaux, les exportations françaises de lapins auraient chuté de 20 %.
Encore plus radical, l'Autriche a purement et simplement interdit depuis fin 2007 la commercialisation de bêtes élevées en cage. Une première.
Source : http://ledauphine.com/
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