Le castor recolonise pas à pas la rive sud du lac de Neuchâtel

Protégée des assauts du lac par un tronc d'arbre couché, la hutte du castor s'est trouvé un autre allié hier matin: le vent, qui a rendu la navigation sur le lac difficile. Impossible donc d'accéder «au domicile» du rongeur. Johny Bruni ne se laisse pas démonter pour autant. C'est que le président-fondateur de l'association Pro Castor connaît le terrain comme sa poche. «Je vais vous montrer une réserve de nourriture. On peut y accéder à pied par le marais.» Ce ne sont pas les caprices d'Eole qui vont l'empêcher de prouver sa découverte.

Un petit tour dans le marais de la Grande Cariçaie et nous y voilà. Des troncs de saules rongés, quelques copeaux grossiers qui jonchent le sol et un passage terreux qui conduit jusqu'au lac l'attestent: Double Dent est bien passé par là. Et pour Johny Bruni, c'est une excellente surprise: «C'est la première fois depuis sa réintroduction dans le Nord vaudois en 1973 dans la plaine de l'Orbe que des castors colonisent les rives du lac entre Yverdon et Yvonand», se réjouit-il.

Cette découverte, le président de l'association pour l'intérêt du castor en suisse l'a réalisée dans le cadre d'un inventaire national (lire ci-contre). «C'est l'Office fédéral de l'environnement qui a donné le mandat à Pro Castor d'estimer la population de castors sur sol vaudois. Onze personnes y participent, plus quelques membres du Service de la faune qui s'occupent des rives lémaniques», reprend Johny Bruni.

Progression dans le Nord

Ce recensement va révéler que le rongeur est en progression. Lors du dernier inventaire, au début des années nonante, ils étaient environ 450. Il y a quelque temps, on estimait sa population à quelque 800 individus. «Dans le canton, on devrait enregistrer une légère augmentation. Car si des secteurs ont été abandonnés, notamment le long de l'Aubonne, d'autres ont été découverts», souligne celui qui travaille également pour l'opération A l'eau castor, lancée l'an dernier par Pro Natura.

Quant à la situation dans le Nord vaudois et la Broye, elle est clairement réjouissante, avec plus d'une trentaine d'individus dénombrés. Une famille a ainsi colonisé l'Arnon. Une autre s'est installée récemment dans la plaine de l'Orbe, alors qu'un ou deux spécimens ont été aperçus en amont de la rivière. Mais c'est la présence de l'animal aux longues incisives le long de la rive Sud du lac de Neuchâtel qui ravit Johny Bruni. «Il y a huit ans, il n'y en avait aucun, mis à part au Fanel (BE). Or, aujourd'hui, on trouve une famille à la hauteur d'Yverdon, une autre entre Yverdon et Yvonand, une troisième en constitution du côté de Font (FR).» Et le fidèle castor est toujours présent du côté de l'embouchure de la Menthue, ainsi que sur la Broye et ses affluents.